Sur la ligne Océan de Via Rail se trouve un bijou artistique caché : une gare transformée en pôle artistique et communautaire. Attention au départ, prochain arrêt Matapédia ! Rencontre avec Caroline Andrieux, cheffe de projet de la Gare de Matapédia, lieu de rencontres qui vise à rapprocher l’art des communautés.
Caroline, parle-nous un peu de toi !
Je suis née dans le sud de la France et j’ai fait mes études et travaillé à Paris où j’ai cofondé l’Hôpital Éphémère, un lieu artistique dans les années 90. On avait transformé un hôpital abandonné en studios d’artistes, salles d’expositions et de répétitions. Avec mon association de l’époque, Usine Éphémère, on a monté plusieurs lieux dans le genre qui ont suscité de l’intérêt à Montréal. Le ministère de la culture du Québec m’a invité en 1992 pour visiter les usines désaffectées dans le Vieux-Montréal. La vie culturelle montréalaise était foisonnante et me fascinait. Les gens étaient très accueillants. J’y ai déménagé en 1996. On a monté l’organisme Quartier Éphémère avec deux Québécois et j’ai dirigé la Fonderie Darling pendant 20 ans.
Comment es-tu arrivée à Matapédia ?
Par le train justement ! J’avais envie de sortir de Montréal et je voulais trouver un chalet à la campagne. J’étais fascinée par la Gaspésie (même si je n’en ai jamais fait le tour en trente visites !) et j’ai acheté une petite maison ici. Je n’ai pas d’auto et je suis toujours venue en train. À chaque visite, je trouvais cette gare tellement belle. En parlant avec des gens du village, j’ai su que la gare était abandonnée et que Via Rail cherchait une vocation, alors il y a eu cette opportunité. J’ai écrit un courriel au président de Via Rail, deux semaines plus tard j’avais un rendez-vous. C’était il y a cinq ans maintenant.
C’est quoi la Gare ?
La gare de Matapédia, c’est un lieu artistique cofondé à la base avec le Centre d’artistes Vaste et Vague (Carleton-sur-Mer) en arts visuels qui met en valeur le patrimoine local. Depuis 2021, la Gare propose des résidences d’artistes, un espace de diffusion de d’expositions, des activités en arts et des ateliers portes ouvertes. C’est un lieu qui permet d’activer, de questionner et de mettre en valeur et qui est ancré dans le territoire pour la population. Lors de chaque passage d’un.e artiste, on organise des rencontres avec l’école secondaire de Matapédia et on développe nos relations avec d’autres polyvalentes.
Tout au long de l’année, on accueille des artistes autant acadiens, locaux, internationaux que nationaux. Certaines résidences sont organisées en collaboration avec la Fonderie Darling de Montréal, ce qui permet aux artistes internationaux (actuellement du Luxembourg et de l’Écosse) de voir autant le contexte urbain que rural du Québec. Ces résidences débouchent sur des expositions présentées au public.
Il y a un train qui circule plusieurs fois par semaine, comment le projet cohabite avec les voyageurs ?
Il n’y a plus de service en gare, mais il y a toujours la salle d’attente qui est utilisée quelques minutes avant l’arrivée du train. Il y a une habitude de la salle d’attente qui s’est perdue. Avec ce projet, on tente de rendre l’expérience différente et stimulante dans un endroit chaleureux avec des services de base (salles de bains, eau, wifi gratuit). Le lieu est également ouvert en dehors des périodes d’arrivées et de départ. En dehors de nos activités, il y a des organismes communautaires ou de loisirs qui peuvent se réunir ici. On essaye de développer l’aspect communautaire autant que possible.
Comment ce projet a été possible selon toi ?
Avec l’aide et l’ouverture de Via Rail tout d’abord mais également grâce à l’appui et la curiosité des personnes de la région. Les gens de toutes générations se déplacent pour voir ce qui se passe ici. Il y a vraiment un intérêt. Le lieu est iconique et chargé d’histoires en lien avec les familles du coin depuis le début du vingtième siècle. C’est du contenu historique et patrimonial qu’on veut mettre en valeur ou servir artistiquement. Ce patrimoine donne une fierté, un sentiment d’attachement des gens au lieu.
As-tu des rêves pour la suite du projet ?
J’en ai plusieurs ! Que la Gare soit pérennisée comme un centre d’arts visuels et qu’on respecte le patrimoine en effectuant des travaux pour créer un lieu exceptionnel pour le public. J’aimerais aussi qu’on développe les activités scolaires, parascolaires et communautaires. Enfin, que Matapédia devienne un arrêt incontournable et un pôle artistique important. Tout ça, pour que les habitant.e.s trouvent du bonheur dans les différentes activités et vivent une expérience enrichissante tout simplement !
C’est quoi ton coup de cœur dans la région ?
J’adore nager, faire du bateau ou me promener le long de la Rivière Ristigouche. C’est magnifique. C’est une rivière calme et douce. Il y a des camps de pêche extraordinaires qui nous font voyager dans une autre époque à travers les bâtiments patrimoniaux.
Tu veux en savoir plus sur la Gare ? Visite le site internet et la page Facebook.
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