Un appel aux créateurs
d'ici et d'ailleurs

Qui suis-je?

Isabelle Côté

Isabelle est originaire de Québec, installée en Gaspésie depuis 15 ans. Elle est copropriétaire du café Chez Casimir, un lieu de rassemblement incontournable à Matapédia.

Je suis déménagée à Bonaventure, en Gaspésie, il y a de cela 15 ans. J’avais l’objectif d’ouvrir une microbrasserie, projet qui n’a pas fonctionné. J’ai quand même pu, à travers les années, occuper divers emplois qui, selon moi, n’auraient pas été possibles en ville : coordonnatrice d’une maison de la Famille, adjointe administrative dans un Carrefour jeunesse-emploi, organisatrice d’un service de traiteur et aide à la mise en place de tables de concertation jeunesse.

Ce qui m’a amenée à Matapédia, c’est un emploi de coordonnatrice de la Table de concert’action Territoire solidaire qui vise à mettre en commun les forces vives des cinq municipalités du territoire et qui a pour principal objectif de contrer sa dévitalisation.

Lors de mes premières journées d’emploi, j’ai fait le tour des municipalités afin de rencontrer les gens qui y habitent et qui œuvrent dans divers entreprises et organismes. Lors de ma découverte de mon nouveau milieu, j’ai vu un gîte-restaurant à vendre à Matapédia, qui était d’un bleu radieux qui m’a tout de suite séduite.

Je me suis dit que ça serait un endroit merveilleux pour que les gens viennent se rencontrer autour d’un bon café ou repas qui mettrait en valeur les produits locaux.

 

J’ai continué ma tournée et je suis allée rencontrer Dany Gallant, qu’on m’avait fortement recommandé de connaître. Je suis allée chez lui, dans son jardin, et nous avons immédiatement parlé du café. Il m’a dit que ça faisait plus de 15 ans qu’il rêvait d’en ouvrir un. Après quelques phrases, nous avons alors conclu qu’on allait acheter ensemble ce qui est aujourd’hui le café-auberge Chez Casimir, et aussi maintenant le potager de Chez Casimir. Nous avons ajouté le jardin lors du deuxième été. Jérôme Bolduc, qui avait l’entreprise le Potager du Restigouche, nous avait annoncé l’arrêt de ses activités. Nous avons choisi de l’engager pour garder son expertise, mais aussi pour avoir des légumes frais au Café et offrir à la population locale un marché une journée par semaine.

Chez Casimir a toujours été pour moi un endroit de diffusion, de rencontres et de mise en valeur des produits locaux. C’est comme un phare pour la région. 

Chez Casimir à Matapédia

J’aime mettre l’accent sur le travail des artisans du coin et permettre aux gens de se rencontrer et d’avoir une place pour échanger. C’est toujours un plaisir de voir les gens prendre le temps de discuter, de refaire le monde, de créer des nouveaux projets. J’aime être au service des gens autour, apporter du bonheur et du plaisir. J’ai ainsi l’impression de changer le monde… à petites bouchées!

Être à la barre d’une entreprise de ce genre a son lot de difficultés, et ce, surtout dans un contexte de dévitalisation. Mais c’est aussi un avantage : tout est à faire. Il manque simplement de gens pour venir développer et créer leur propre vie et leurs propres projets, selon leurs rêves et aspirations. C’est en quelque sorte une forme de liberté, d’avoir le choix de créer notre vie. Lorsque je suis arrivée en Gaspésie, je me suis rapidement aperçue que j’étais la créatrice de ma vie, de ma culture et de mes loisirs. Pour une des premières fois dans ma vie, je me sens sur mon X et j’ai vraiment l’impression de faire une différence pour mon milieu.

Parfois, je vois tout ce qu’on pourrait développer dans le coin et je me dis qu’il manque de créateurs. Nous avons un terrain de jeux immense à découvrir et à développer, en passant par le ski hors-piste, le vélo de montagne, l’agriculture, les galeries d’art, les gîtes chez l’habitant… Nous vivons dans un trésor caché. 

Mon plus grand souhait est de dissiper l’espèce de nuage gris qui vole au-dessus nos têtes pour diverses raisons, comme la dévitalisation. Je souhaite que la région ait plus de créateurs et de meneurs pour faire lever des projets structurants. Que nos ressources naturelles cessent de se faire vider, qu’on chérisse notre environnement, qu’on prenne exemple sur la série documentaire Ramaillages. Que notre territoire soit plus accessible pour tout le monde et qu’on brise les préjugés à notre égard selon lesquels il n’y a pas d’emplois et rien à faire ici…

Tout ça pour dire que j’aime ma région et que j’en suis fière. Je crois qu’un vent nouveau souffle, que de nouvelles personnes viennent s’y installer pour échapper à une forme de vie préétablie par la société, celle du métro, boulot, dodo. Elles viennent pour pouvoir prendre le temps de jaser avec leur voisin, de faire leur jardin, d’aller marcher sur le bord de la mer en revenant de travailler… Elles viennent pour pouvoir prendre le temps de vivre.


L’histoire du Casimir t’a inspiré? Tu aimerais sans doute celle des ateliers coopératifs d’Alex à Matapédia également.

Et si jamais tu as le goût de découvrir un des visages accueillants du Casimir, va lire les mots bienveillants de Gabrielle.