LA CRÉATION

Par Van Carton
8 juin 2020

Qui suis-je?

Van Carton

Van Carton est un prête-nom adopté par Guillaume Monette, connu comme auteur-compositeur (3 gars su’l sofa), cinéaste (Moulures, 2014), réalisateur (Coton ouaté, 2019) et monteur primé (Gémeaux, 2019). En d’autres mots: il joue de la musique, fait de la vidéo et c’est aussi un mordu de balados, un vrai.

On parle du résultat de la toune ou de l’expérience globale?

La toune est finie, je suis vraiment content du rendu, j’y reviendrai. 

Pour ce qui est de l’expérience, c’est là que ça dérape. 

C’est l’éclatement total côté plan de vie, plan de maison, plan de famille. On est prêts à toute changer, brasser les dés. 

On est prêts à changer notre fille d’école, changer de job, changer de cercle quotidien, changer de paysage. 

Est-ce que c’est de la fuite?
Non!
C’est le contraire!

C’est une envie de faire autre chose. C’est une réalisation très simple que la vie est courte et que c’est le temps d’essayer autre chose! 

C’est de voir la mer défiler devant Maria. C’est de voir la solidarité qui se rend jusque dans la vallée, là où le 4G se rend pas. C’est la démonstration concrète de la protection de la nature, quand la madame de la coop de St-André-de-Restigouche m’explique qu’elle vend du savon biodégradable parce qu’elle sait que sinon c’est la rivière juste à côté qui va être scrap. C’est la maquette en miniature de la grande boucle de notre écosystème. Si la rivière est scrap, le saumon va disparaître. Si le saumon disparaît, son voisin qui est guide de pêche va perdre sa job. Si son voisin perd sa job, il pourra pu venir acheter dans son magasin. Si elle vend pas du savon biodégradable, son magasin va disparaître. 

Ici la nature crie fort, plus fort que n’importe quelle affiche publicitaire.
Pis c’est crissement de même que ça devrait être!

J’ai fini la toune. Le territoire et l’effet qu’il a eu sur moi, c’est trop précieux pour que j’y mette des mots concrets. On va tous dans le bois en vacances ou le week-end, on connaît l’effet bénéfique, mais on le minimise. Je ne vais pas essayer de vendre la nature, ce serait comme de faire une chanson qui dirait que boire de l’eau c’est important. On le sait déjà.

J’ai toutes les raisons de plonger dans l’immense.
Mais toutes ces saisons qui passent pendant que j’y pense. 

J’ai voulu parler d’un inconfort dans le confort, le fait d’allonger un livre dont tous les chapitres ont été lus déjà. Moi c’est ma vie dans la ville que j’étire. J’y ai puisé depuis 17 ans de la matière première qui est au cœur de ma construction personnelle. Là, j’ai compris que c’est ailleurs que je dois poursuivre. 

Pour quelqu’un d’autre, ça pourrait être une histoire de job, de cercle social, d’habitudes… Le confort est une arme à double tranchant. C’est positif, mais à la longue ça se dégrade. C’est tout sauf un carburant. Ça ne fait pas avancer. 

J’ai vu du monde qui vivent autrement. J’ai vu l’espace blanc, entre mes murs, entre mes jours.
J’ai vu du monde qui s’arrangent, qui sont riches de leur choix, de leur territoire. 

Ils savent ce qu’ils font, ils savent pourquoi ils habitent là. Ils sont conscients qu’ils habitent loin… entre guillemets. Mais pour eux ce n’est pas loin, c’est le centre de leur monde. Tout y est, l’eau, la montagne, la chaleur, et surtout ce qu’il y a à créer.  

C’est une communauté tissée lousse.
Y’a de la place, viens nous aider.
C’est à échelle humaine, malgré le paysage qui semble taillé pour des dieux.
Oui on y fait moins de cash, oui le rythme est plus lent, et oui ça change la façon de voir les choses. C’est trois points positifs tant qu’à moi.
Ça donne envie à tout le monde qui y passe, mais peu oseront vraiment faire le saut.  

Il existe autre chose, je suis soulagé.

« C’est inévitable, le système dans lequel on vit est appelé à changer. Et l’occupation du territoire c’est important, il y a là des opportunités pour des gens qui voudraient vivre différemment. »

– François Boulay 


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