Le projet de Guillaume:
Le Vraquier

Par Guillaume Damini
10 juin 2020

Qui suis-je?

Guillaume Damini

Troquant le Parlement pour Carleton-sur-Mer, Guillaume Damini a opté pour la vie en région, où la simplicité et l’entraide se côtoient. Nouvellement entrepreneur, il s’apprête maintenant à lancer son projet d’une épicerie offrant des produits en vrac.

Guillaume, salut! Parle-nous de ton parcours… Comment es-tu arrivé à t’installer à Carleton?

Je suis originaire de l’Outaouais. J’étais loin de me douter que je deviendrais un jour entrepreneur lorsque j’ai quitté mon emploi de 10 ans au Parlement du Canada. À ce moment, j’avais une vie que j’aurais qualifiée de bien normale : le travail, les concerts, les restos, les voyages bien mérités et… les dettes. En Outaouais, région de près de 150 000 fonctionnaires, il pourrait sembler normal d’avoir une vie beige, surtout lorsqu’on y a toujours habité. Après des études en communication, il me semblait alors tout indiqué d’accepter un emploi à la Chambre des communes. N’étant pas carriériste pour 5 cennes, je trouvais mon réconfort dans l’aise et la stabilité de mon emploi. Après la bedaine, la trentaine et les remises en question, j’ai donc quitté l’Outaouais pour les Îles de la Madeleine afin d’entamer un cours en gestion des risques côtiers sans savoir dans quoi je m’embarquais. Pas pire pour un gars qui pensait que les Îles, c’était à côté de Gaspé… C’est là qu’une toute nouvelle réalité m’a frappé : les gens sont accueillants, la mer est belle pis les Gatinois ont aucune idée de ce qu’est une vraie tempête de neige.

Aux Îles, pas de McDo, pas de club Aléa, pas de trafic… pas de stress. Pis les Madelinots! Sont tellement smattes! Pas smattes genre « je suis votre serveur pour la soirée, une banquette ça vous va? » Smattes pour vrai! En même temps, quand t’es tellement content d’avoir lâché ta job plate au gouvernement, disons que t’as comme une belle vibe. Après l’obtention de mon diplôme, et avec une vision différente d’une vie ben normale, j’ai décidé d’aller travailler en environnement en Gaspésie. J’avais déjà fait le tour une fois en road trip et je savais que la région était belle. Finalement, elle s’est avérée pas mal plus que juste belle si je m’y trouve toujours après six ans.

Aujourd’hui, à Carleton-sur-Mer, j’ai un rythme de vie plus mollo. J’ai les meilleurs amis au monde, un chien et je suis sur le point d’ouvrir le Vraquier Marché écoresponsable, une épicerie vrac jumelée à un comptoir de repas aux saveurs du monde. Pas pire pour un gars qui ne savait pas grand-chose de la Gaspésie finalement.  

Le projet du Vraquier m’est venu en tête il y a un an, au retour des Fêtes. C’est pas mal le seul temps que je prends pour aller voir tout le monde de mon ancienne vie gatinoise. Mais on sait c’est quoi les Fêtes : les horaires trop chargés, les belles-familles, les tempêtes et les achats! Ben oui! Je me suis alors inscrit au cours de démarrage d’entreprise en ne sachant pas trop à quoi m’attendre. Frileux comme un fonctionnaire, j’avançais cours par cours avec scepticisme face à la demande probable pour du vrac dans la région. J’ai décidé de me lancer lorsque plus de 1200 personnes ont répondu à un sondage que j’avais mis en ligne. Mine de rien, c’est presque 10 % de la population de la MRC d’Avignon qui se disait intéressée à la venue d’une épicerie vrac. Ce sondage a également permis à Alexandre De Lafontaine-Ruel et Catherine Lacombe de me contacter. Deux personnes qui m’étaient inconnues jusque-là, mais qui sont, tout comme moi, à la recherche d’un projet d’implication sociale et écologique. C’est donc à trois que nous avons continué à élaborer ce qui sera sous peu le Vraquier Marché écoresponsable.   

Quelles ont été les étapes jusqu’à maintenant, les défis rencontrés?

Démarrer une entreprise, sérieux, c’est pas simple. Les cours de maths sont loin, tout comme les codes Excel. Le fait d’être trois nous permet d’exploiter nos forces, pis nous donne une bonne raison de boire de la bière le mercredi. Après avoir démêlé le côté paperasse, on s’est mis à la recherche d’un local commercial. Pas évident, à Carleton! On ne le remarque peut-être pas quand on ne regarde pas, mais faut pas chercher longtemps pour se rendre compte que les choix sont pratiquement inexistants. C’est à ce moment que nous sommes tombés sur une belle bâtisse commerciale, tout juste entre les hôtels et la plage municipale. Fait que… fais une offre. Reçois une contre-offre. Refais une offre. Signe des papiers. Fais inspecter. Signe des papiers. 

Bref, on a une bâtisse! Astheure, il faut s’occuper du Vraquier. Plan d’affaires, résultats prévisionnels, fournisseurs, image de marque, etc. Étant un commerce de détail avec un service de restauration, ça n’a vraiment pas été évident de trouver du financement. Ce sont probablement les deux types d’entreprises les moins financées. Malgré ça, la MRC d’Avignon a toujours été présente et a cru en notre projet depuis les tout débuts. Son aide s’est avérée indispensable, vraiment. Je dois aussi « plugger » le fait que plusieurs entrepreneurs de Carleton m’ont soutenu tout au long de cette aventure. Tout le monde est heureux d’aider. C’est vraiment nice!

Penses-tu qu’il y a de la place pour d’autres projets du genre à Carleton?

Depuis mon arrivée dans la région, j’ai vu éclore une épicerie fine pleine de bières et de produits du terroir, un festival de musique émergente, un artisan de kombucha, un centre d’escalade, une auberge de jeunesse, une pâtisserie, une savonnerie et j’en passe. Bref, plein de belles idées devenues réalité grâce à la vision et la persévérance de porteurs de changement. C’est ce qui est incroyable ici, c’est qu’il y a de la place pour tout le monde. Parmi les raisons pour lesquelles j’ai choisi de m’installer dans la MRC d’Avignon, ma qualité de vie prime sur pas mal tout le reste. Si les contacts humains, les loisirs en nature et un mode de vie sain t’interpellent, ben hé, viens faire un tour et voir de toi-même! Il y a de superbes initiatives mises en place pour te permettre de découvrir la région, de financer ton déplacement si tu viens faire une entrevue dans le coin et de t’aider à t’intégrer dans ton nouveau milieu de vie. T’sais, pas besoin d’être entrepreneur; la pénurie de main-d’œuvre touche également la Gaspésie. Tu serais surpris de tous les beaux postes disponibles.

Arrive ici avec une belle attitude, et honnêtement, il suffit de faire un tour à la microbrasserie Le Naufrageur pour en ressortir avec une invitation à souper. Le monde est tellement accueillant et curieux de te connaître. 

Au final, tu ne seras peut-être pas plus riche en regardant ton compte en banque, mais crois-moi que tu vivras bien. L’accès à la propriété est facile, le trafic inexistant, et la majeure partie des activités est abordable, voire gratuite. 120 000 $ pour une adorable maison, 30 $ pour une passe annuelle de ski de fond, un budget d’essence aux antipodes de la ville, des feux de grève illimités entre amis, de l’espace pour jardiner, des randonnées gratuites à volonté, de la pêche sur le quai sans permis nécessaire, de la cueillette de champignons, etc. Bref, vivre mieux, avec moins.   

Pour en savoir plus sur l’entreprise de Guillaume, visite la page Facebook du Vraquier.


Tu peux aussi entendre Guillaume dans le balado Comme un besoin de nature, épisode Savoir-être. Si ce n’est pas déjà fait, on te propose de lire le témoignage d’Alex qui nous dévoile lui aussi son projet.