Est-ce que c'est
pour nous?

Par Sarah et Aude
8 juin 2020

Qui suis-je?

Sarah et Aude

Sarah Gonthier, native de Carleton-sur-Mer, et Aude Buévoz, installée dans la région depuis 8 ans, sont deux jeunes professionnelles au service du territoire Avignon mais surtout des passionnées de ce dernier.

Comment faire sa place dans son nouveau milieu? Voici un échange sur le thème du savoir-être et de l’intégration, tant au niveau social que professionnel.

Sarah : J’ai grandi à Maria et j’ai fait une partie de mon cégep à Carleton. C’est quand je suis déménagée en ville pour faire ma dernière année que j’ai réalisé l’immense qualité du Cégep de Carleton. La passion et l’appui personnalisé des enseignants m’ont profondément inspirée. Puis j’ai pris quelques années pour voyager, étudier et travailler dans plusieurs villes du Québec et en Europe. Un moment donné, l’idée de fonder une famille a germé, et pour moi c’était impératif de le faire dans Avignon. Je suis donc revenue, mes diplômes en poche et la tête pleine d’idées, malgré des commentaires de gens de l’extérieur qui me disaient que je ne trouverais pas d’emploi. Je suis revenue un lundi, et le jeudi je travaillais.

Aude : Je suis née dans les Alpes françaises dans un village de 500 habitants au pied des montagnes. En 2007, un échange universitaire avec l’Université du Québec à Rimouski me fait découvrir le bas du fleuve et la Gaspésie lors d’excursions de fins de semaine. Un véritable coup de cœur pour le Québec, et surtout les Québécois, me ramène au pays 4 ans plus tard, en 2011, après plusieurs voyages autour du monde. En visite chez des amis pour 2 semaines à Nouvelle avant un grand départ pour l’Ouest canadien planifié de longue date, je trouve un travail en intervention sociale dans la Baie-des-Chaleurs, un domaine dans lequel je n’ai pourtant pas étudié. Mais on me donne ma chance pour la job parce que « j’ai une bonne écoute et une attitude positive », aux dires de mon employeur de l’époque. Huit ans plus tard, je suis encore là, et je n’ai jamais mis les pieds plus à l’ouest que l’Ontario!

Sarah : En guise d’introduction au sujet, je dirais que les humains sont en constante interaction entre eux et avec la nature, mais je crois qu’ici on le RESSENT pour de vrai. Dans un petit milieu, on devient connu pour ce qu’on est, alors on offre aux autres à la fois notre authenticité et notre présence pour lesquelles on veut être reconnu, ce pour quoi on veut rayonner. Il y a à la fois une beauté et une responsabilité d’être conscient de ce qu’on apporte dans notre milieu avec notre manière d’être. Et souvent, c’est prendre la vie avec un peu de détachement et juste rire de soi-même.

Aude : C’est vrai qu’ici, tout le monde se connaît et tout le monde se parle. C’est important de ne pas se démarquer de façon négative pour pouvoir entretenir son réseau social et bénéficier des opportunités professionnelles qui existent. Au niveau de l’emploi, l’attitude des gens peut vraiment prévaloir sur leurs qualifications. Il faut être compétent, certes, mais ce qui importe beaucoup aussi c’est : « Est-ce que j’ai envie de travailler avec cette personne-là? Est-ce qu’elle fitte dans mon équipe de travail? » Si le courant passe, l’employeur va être prêt à mettre du temps et de l’argent dans la formation du nouvel employé.

Sarah : Quand je suis revenue, j’ai été un peu déstabilisée par cette approche-là! Comme si je m’étais habituée de devoir me battre pour faire ma place. Ici, je sentais plus de bienveillance. J’ai pu baisser les gardes et commencer à savourer les petits gestes, sourires ou attentions qui rendent la vie douillette et qui tissent les relations avec les autres.

Quand on a vécu ailleurs, aménager dans Avignon ne signifie pas de couper les ponts avec notre ancienne vie. Rester qui on est implique pour moi de garder le contact avec des personnes, de cultiver des amitiés qui alimentent notre être et nous rappellent d’où on vient.

Aude : J’ai eu la chance d’arriver ici dans la famille d’une de mes amies rencontrée à Rimouski mais originaire de Nouvelle. Je me suis tout de suite sentie adoptée. C’est très facile de s’intégrer quand on a déjà un point d’attache. On se fait présenter du monde, on se fait montrer les endroits où sortir, etc., mais quand vient le moment de se faire son propre réseau, ça devient plus compliqué.

Le véritable défi, c’est de sortir de sa zone de confort et d’aller vers les gens.

Tout le monde a sa vie, son cercle d’amis et sa famille. Ce n’est pas à eux d’aller vers toi, mais à toi d’aller vers eux. Au final, tout le monde s’aime pis ça fait des beaux partys!

Sarah : Ce qui m’a aidée à forger tranquillement mon cercle d’amis, c’est de participer aux activités organisées pour les nouveaux arrivants. Ça m’a permis de rencontrer des personnes qui vivaient sensiblement la même chose que moi. Je crois qu’il ne faut pas avoir peur d’aller vers les autres et proposer ce qu’on peut « donner », en temps ou en implication par exemple. C’est des premiers pas qui font une différence. Surtout, se laisser le temps, car quand on déménage, c’est un gros changement, et il faut se laisser le temps d’apprivoiser le milieu, de connaître ses endroits préférés, de se faire un cercle social. 

Aude : Ce qui est beau à voir, c’est tous les nouveaux arrivants qui ont choisi la région et qui y restent malgré la distance avec la famille, les adaptations à un nouveau mode de vie, les habitudes à changer, les compromis à faire en emploi parce que le poste que tu occupais en ville n’existe pas ici, etc. Tous les gens qui décident que c’est ici qu’ils souhaitent vivre, qui s’impliquent pour que leur milieu de vie soit dynamique, qui saisissent les opportunités que ce milieu offre.


Curieux de savoir comment d’autres font leur place dans la communauté? On te suggère l’article Appel aux créateurs d’ici et d’ailleurs d’Isabelle de Chez Casimir à Matapédia.