Un festival international né d'une bonne idée

Originaire de New Richmond, Bertin Leblanc a roulé sa bosse aux quatre coins du monde, Bruxelles, Washington, Paris avant de revenir aux sources pour y semer une idée lumineuse : un festival international de journalisme à Carleton-sur-Mer. Le FIJC en est déjà à sa troisième édition et c’est un événement citoyen à ne pas manquer. Rencontre avec un passionné de l’information, de la création… et de sa région natale.

Bertin, tu viens d’où? 

J’ai grandi dans le rang 3 Ouest à New Richmond pour être précis! (rires)

À 17 ans, je suis parti pour le Cégep de Jonquière. Les premiers étés, je revenais en Gaspésie pour travailler. Puis, je suis parti travailler en ville et je suis revenu dans le coin ponctuellement.

PEUX-TU NOUS PARLER DE ton parcours ?

Je suis parti pour l’Europe quelques années après avoir travaillé pour TQS et Télé-Québec. J’ai travaillé dans le journalisme pour France 24, Radio-Canada, TV5 Monde, entre autres. J’ai aussi œuvré dans la diplomatie culturelle, dirigé la communication d’Amnesty International et été porte-parole de la Secrétaire générale de la Francophonie. Aujourd’hui, je travaille et j’habite encore en France. J’enseigne, je dirige la communication d’une organisation non gouvernementale en France et je suis aussi auteur de romans graphiques. Et bien sûr, je suis directeur général du Festival international de journalisme de Carleton-sur-Mer.

Sur la photo : Bertin Leblanc

Comment t’est venue l’idée de créer un festival de journalisme en Gaspésie ?

Je me souviens précisément du moment ! L’étincelle est venue lors d’un voyage au Festival international de journalisme de Pérouse, en Italie. C’est un événement reconnu, dans un coin très très reculé et difficile d’accès… mais qui attire les plus grands journalistes. Je me suis dit : mais pourquoi pas en Gaspésie ?

Qu’est-ce qui t’a motivé à concrétiser le projet ?

Quand je suis revenu en visite au Québec après deux ans de pandémie, et après le décès de ma mère, je me suis dit que c’était le bon moment. J’ai parlé de mon idée à Alain Bernier qui travaillait pour la ville de Carleton-sur-Mer et à l’équipe de la MRC d’Avignon. On a monté un projet enraciné localement, mais avec une portée internationale.

Comment as-tu conçu le festival? 

On a monté un conseil d’administration à 80 % gaspésien, dont plusieurs membres vivent dans la Baie-des-Chaleurs. On voulait que l’identité du festival reflète la région et soit ancrée sur le territoire. L’accueil, le site, la proximité avec le public : tout ça est au cœur de notre ADN. 

On a vite réalisé que la distance n’est pas un obstacle, c’est un avantage ! À ce jour, en trois éditions, personne ne m’a dit que c’était compliqué de venir en Gaspésie, c’est plutôt un attrait pour notre événement. Les journalistes ou les personnes invitées viennent avec plaisir, parfois avec leurs familles. 

Quel est l’objectif du FIJC ?

C’est d’abord un espace pour reconnecter les gens avec l’information. Contrairement à ce qu’on entend, je ne crois pas que le public rejette les journalistes. Il y a plutôt une grande confusion. Le festival permet de mieux comprendre, de créer du lien et de redonner confiance. Une fois, une personne est venue me voir pour me dire que le festival lui avait redonné le goût de s’informer. Elle avait décroché, et là elle retrouvait un sens. Ce genre de retour, c’est la meilleure des récompenses.

Quelle est la particularité du FIJC ?

Ce n’est pas un événement affilié à un média. Ce n’est ni Radio-Canada, ni Le Devoir : c’est un rendez-vous citoyen. On parle même de « tourisme du savoir ». Des gens viennent pour se nourrir intellectuellement, tout en profitant du cadre exceptionnel de la Gaspésie. 

C’est une chance pour le public, mais aussi pour les journalistes invités qui vivent une expérience inoubliable. Cette proximité avec le public, le lieu du festival, il y a quelque chose de très particulier qui s’est créé et qui a fait naître un véritable engouement pour l’événement! 

Comment construis-tu la programmation du festival ?

L’actualité est un sujet infini. Je travaille un peu comme un journal. Je suis l’actualité, je repère les grandes tendances, et je choisis des thématiques fortes : environnement, premières nations, transformation du métier, éducation aux médias, etc. On mise surtout sur la création originale. Cette année par exemple, avec Le Théâtre à tour de rôle, on a décidé d’adapter pour le théâtre le roman de Guillaume Lavallée, Gaza avant le 7. Il faut que le public ait accès à des contenus uniques, qu’on ne trouve pas ailleurs. 

Et côté logistique, comment le festival s’organise ?

On reste une petite structure même si on propose beaucoup d’activités. Je fais ça en plus de mes deux autres emplois. On fait appel à une dizaine de personnes contractuelles et établies en Gaspésie. On a des appuis financiers solides, dont Patrimoine Canada et le ministère de la Culture, mais il faut penser à structurer davantage pour l’avenir. Le défi, c’est de se développer sans perdre l’essence du festival.

Quel conseil donnerais-tu à quelqu’un qui veut lancer un projet dans la région ?

Une bonne idée, tout simplement. Si c’est original et porteur, les gens embarquent et le milieu est très accueillant.

Et enfin, as-tu un endroit coup de cœur dans Avignon ?

La vue du Mont-Saint-Joseph. C’est elle qui reste imprimée en moi. J’ai monté le Mont-Saint-Joseph tellement de fois, quand j’étais étudiant et après ! Cette vue est à couper le souffle, autant par l’émotion des origines que par la grandeur du paysage.

 

Le Festival International de Carleton-sur-Mer est présenté du 15 au 18 mai 2025 au Quai des Arts.

Pour en savoir plus, visitez le site internet https://fijc.ca/ 

Photos : Benoit Daoust