Vivaces : un festival littéraire enraciné et accueillant

Par Avignon.Gaspésie
29 juillet 2025
Le 8 et 9 août se tiendra la troisième édition du Festival Vivaces produit par l’organisme Poème en août qui est ancré à Maria. Nous avons rencontré Suzie Larrivée, l’une des cofondatrices de cet événement littéraire intimiste et hors du commun.

Suzie, parle nous de toi!

En 1996, j’ai cofondé La Tribu, une importante entreprise culturelle québécoise active dans la production, la gérance d’artistes et les tournées internationales. En 2015, je me suis installée à temps partiel à Maria, séduite par le territoire et sa richesse humaine et littéraire. Je suis venue souvent en Gaspésie, mon père y est né, mais de l’autre côté. Dans la Baie-des-Chaleurs particulièrement, j’ai découvert une communauté littéraire foisonnante, des artistes gaspésiennes prolifiques, profondément enracinées dans leur territoire (et talentueuses!), mais dont j’avais moins entendu parler en dehors de la région. C’est là qu’on a eu l’envie de développer un petit événement…

Suzie Larrivée (deuxième en partant de la gauche)

Qu’est-ce qui a motivé la naissance du festival Vivaces à Maria ?

C’est né d’une envie très simple : créer un moment de partage autour de la poésie. En 2019, avec Jean-François Dugas, on a fondé l’organisme Poème en août. On voulait proposer un petit événement rassembleur autour de la poésie gaspésienne, quelque chose de convivial et à échelle humaine. La première édition, on avait organisé un souper communautaire moules-fricot-poésie. C’était quelque chose de très simple avec des amis, des voisins et des proches. Finalement, c’est quand même 70 personnes qui sont venues partager un bon souper, de la poésie et le plaisir d’être ensemble.

Et depuis, le projet a bien grandi ?

Oui, doucement. Après quelques années de micro événements pendant la pandémie – des lectures sur la plage, autour du feu ou en forêt, on a lancé la première édition du festival Vivaces en 2023. En hiver, on produit le festival Flamme dont ce sera la troisième édition. L’esprit de Vivaces n’a pas changé : on garde des jauges réduites, pour que chaque moment reste intimiste et propice au partage. 

En quoi Vivaces se distingue-t-il des autres festivals littéraires ?

Je dirais que notre approche est profondément ancrée dans le territoire et dans la rencontre. On garde une formule à petite échelle pour une visée environnementale aussi.

On sort des livres pour aller vers les gens, et on ramène les gens vers les livres par des expériences sensibles. Il peut s’agir d’activités classiques de type table-ronde, mais également d’une lecture à l’aube dans l’eau, d’un atelier d’écriture en nature, d’un 6 à 8 dans une grange ou de discussions autour d’un thé maison et autres possibles…

On se rassemble autour d’une poésie vivante, incarnée, qui touche autant le cœur que l’intellect. Et surtout, on le fait dans une ambiance simple et accueillante, qui invite à ralentir. 

Le festival se déroule dans quel lieu ?

À Maria, il n’y a pas de salle de spectacle traditionnelle, alors on s’adapte ! La municipalité nous a donné accès à différents lieux selon les éditions : le centre de plein air pour l’édition hivernale du festival Flamme, la maison ancestrale Mowatt et un petit chapiteau au parc du vieux Quai en été…

Cet été, le festival investit la grange chez nous, car il y a des travaux dans le village, le but c’est de trouver des lieux qui sont à notre portée, intimes et qui permettent le décloisonnement des arts. Il y a toujours des possibles avec la poésie, parce que la poésie est partout. 

À qui s’adresse le festival ?

À tout le monde, vraiment. Il y a bien sûr un noyau de passionné·es de littérature depuis le début, mais aussi des voisins, des gens du village, des visiteurs de passage, des curieux. On a même des gens du Nouveau-Brunswick ou de Québec qui calquent leurs vacances sur les dates du festival. Cette mixité nous plaît : on veut que chacun se sente adéquat dans un événement littéraire, même sans être un lecteur ou une lectrice assidue.

Quel est le fil conducteur de cette édition 2025 ?

De manière générale, on s’intéresse beaucoup à la notion de communauté et de collectif. Plusieurs activités tournent autour de projets d’écriture en groupe, de sororités littéraires, de démarches artistiques partagées. Ce qui nous intéresse c’est l‘engagement au monde actuel, les problématiques autour des questions qui touchent les femmes et autour de l’environnement. On voit la poésie comme quelque chose qui peut améliorer notre monde. 

Des coups de cœur à ne pas manquer dans la programmation ?

Il y en a plusieurs ! Mélissa Longpré anime un atelier science et poésie autour de l’observation d’algues marines. Perrine Leblanc nous propose une rencontre autour de ses écrits, ses tisanes maison et ses tricots. Le vendredi, c’est la soirée d’ouverture suivie de l’observation du ciel et de la projection d’un film lors de la pleine lune. On va lancer aussi un projet en ligne avec la plateforme Pavillon, où on publiera pendant huit mois des textes d’autrices gaspésiennes.

Quel lien t’unit au territoire ?

Mon attachement à la Gaspésie est devenu viscéral. Je ne suis pas née ici, mais j’ai trouvé une manière de m’inscrire dans le territoire par la culture. Mon conjoint, Jean-François, a des racines familiales à Maria, et on a acheté une maison ici en 2015. J’ai découvert des autrices formidables, des paysages bouleversants, des gens inspirants.

Avec le temps, je crois que je suis devenue une néo-Gaspésienne. On m’a fait une place, et j’ai trouvé la mienne. Aujourd’hui, je me sens enracinée. Et c’est ce que j’espère offrir aux autres : un lieu de rencontre, de beauté, de poésie. À échelle humaine, tout simplement.

As-tu Un coup de cœur sur le territoire? 

J’aime beaucoup la route Marcel qu’on peut prendre par la 132 pour aller vers les rangs. On continue un peu et on a un point de vue sur une vieille grange, c’est plus que magnifique. C’est un chemin de paix qui m’amène jusque chez nous. 

 

🌀 Le festival Vivaces se tiendra le 8 et 9 août 2025 à Maria. Certaines activités sont déjà complètes, pensez à réserver ! Pour en savoir plus, suivez Poème en août sur les réseaux sociaux.

 

Photos : JF Dugas