Originaire de Maria et installée à Miguasha, l’artiste en arts visuels Caroline Dugas (La Fée Couleur) collectionne les médiums et les aventures artistiques. Sculpture de neige, peinture murale, illustration numérique : tout devient prétexte à célébrer la beauté de la nature gaspésienne et à sensibiliser à sa préservation. Rencontre avec une créatrice passionnée, pour qui l’art est aussi un geste d’amour envers le vivant.
Tu viens d’où, Caroline? Peux-tu nous parler un peu de ton parcours?
Je viens de Maria. J’ai étudié en arts plastiques et en dessin animé à Rivière-du-Loup. Ensuite, j’ai suivi différentes formations locales, grâce à Culture Gaspésie. Ma démarche personnelle s’articule autour de la protection de la faune gaspésienne. J’essaie de mettre en valeur nos animaux d’ici dans toutes mes œuvres. Je suis plutôt multidisciplinaire, mais ces années-ci, je travaille principalement avec trois médiums : l’illustration, l’art public (murales et installations) et la sculpture de neige.

Photo : Jonathan Bujold
La sculpture de neige, c’est un médium assez particulier! Comment c’est arrivé dans ta pratique?
La première fois que j’ai pratiqué la sculpture de neige, c’était lors d’un concours intercollégial au Cégep de Rivière-du-Loup. J’avais vraiment eu un coup de cœur pour la discipline, mais je n’avais pas eu d’occasions d’en pratiquer après cette expérience. Et puis, dans les cinq dernières années, on s’est “crinqués” avec des amis et on a décidé de se lancer dans les concours professionnels!
On a commencé par Saguenay en neige, puis Saint-Jean-Port-Joli à quelques reprises. On a beaucoup appris en discutant avec les autres artistes, parce qu’il faut le dire : il n’y a pas d’école de sculpture de neige! On a développé nos outils et notre manière de faire. On a participé à des événements un peu partout : dans les Alpes en France, dans le vrai froid à Yellowknife, au Carnaval de Québec, dans les Rocheuses du Colorado… Et on verra bien où la sculpture nous emmène cette année! (rires)
La neige me permet de réaliser beaucoup de choses; déjà, sculpter en 3D une œuvre aussi grande, puis le travail d’équipe, le défi physique et technique, la hauteur… tout ça me plaît beaucoup!

Photo : Concours international de sculpture sur Neige de Valloire (France)
Qu’est-ce qui t’inspire?
Je suis vraiment une fille de plein air. J’ai même des jumelles de rechange dans mon char, au cas où j’oublie mes jumelles principales — on ne sait jamais ce qu’on peut croiser sur la route! (rires)
L’observation de la faune est vraiment ce que je préfère et c’est la plus grande source d’inspiration pour mes œuvres. Je peux passer des heures à chercher des oiseaux, observer des castors, traquer un hibou, nager avec les poissons ou photographier des anémones…

Je fais aussi de la plongée, donc le monde marin est une grande source d’inspiration pour moi. Récemment je me passionne aussi pour le macroscopique; j’ai toujours une loupe avec moi. Bref, la nature m’inspire tout simplement!
Tu sembles avoir une pratique très diversifiée. As-tu une routine de création?
Mon travail varie beaucoup selon les saisons et c’est ce que j’aime, cela me permet de me concentrer à fond sur un projet à la fois, puis passer à quelque chose de différent. En été, je travaille souvent sur des projets de murales extérieures. À l’automne, je dépose des projets de bourses ou de sculpture de neige. En hiver, je sculpte! Et tout au long de l’année, je fais des projets d’illustration numérique, des murales intérieures ou encore participatives.

Photo : Élise Fiola
Tu parles de murales participatives. C’est quoi exactement?
J’aime beaucoup ce type de projet, parce qu’il permet d’impliquer les gens dans le processus créatif.
Par exemple, à la St-Jean, j’ai fait une petite murale participative à Carleton-sur-Mer. J’avais préparé une murale sur panneau, avec des espaces réservés pour que les gens puissent y ajouter leur touche personnelle.

Photo : Philippe Patenaude
J’ai réalisé une autre murale de 100 pieds par 30 à New Richmond où j’ai invité 380 enfants à laisser leur trace en peignant leur main sur un arrosoir gigantesque. L’œuvre est visible à l’École Le Bois Vivant et présente des enfants dans un décor de nature fantaisiste.
Quels sont les grands projets qui t’ont marquée jusqu’ici?
Il y en a plusieurs, mais je pense à la création de La Bernache, une œuvre d’art pour Carleton-sur-Mer. C’est un projet dont je suis très fière qui met en valeur l’histoire du territoire et de ce si bel oiseau migrateur. Toutes les murales que je réalise sont aussi marquantes, ce sont toutes des aventures humaines et artistiques à leur façon.
Et puis, il y a bien sûr toutes les aventures de neige vécues ces dernières années. On a sculpté de la neige un peu partout, et cette année, on a eu la chance de représenter le Canada lors d’un événement international au Colorado en sculptant une œuvre nommée “Les amoureux fous”.

Mélanie Tremblay, Eugène Gagnon et Valentin Rotureau
Tu as aussi publié un livre, Le Grand Portfolio des Animaux. Peux-tu nous en parler?
C’est un projet auquel je rêvais depuis plusieurs années: un livre d’art un peu surréaliste, inspiré de la faune gaspésienne, et destiné à tous les âges.. Et là, voilà, le rêve s’est réalisé!

La première partie du livre rassemble mes illustrations numériques et les textes poétiques de Valentin Rotureau, mon amoureux. Nous y avons créé un univers doux et aimant, qui invite à la cohabitation harmonieuse des êtres animaux et humains.

Illustration : «Le blanchon»
Dans la deuxième partie, j’ai invité 20 personnes handicapées de La Maison Maguire à travailler avec moi sur des autoportraits animaliers. Ma petite sœur étant elle-même trisomique et autiste, je suis très proche de ces gens, ils m’émerveillent. C’était une belle aventure pour eux, parce qu’ils ont appris à utiliser de nouveaux outils d’illustration numérique et à exprimer quelque chose d’unique à travers leur création.
🎨 Pour découvrir le travail de Caroline Dugas, suivez ses prochaines murales, sculptures de neige et projets illustrés qui donnent forme à la faune gaspésienne.
Photo bannière : Sarah Lacroix
